La Corporation des associations de détaillants d’automobiles (CADA) presse le gouvernement fédéral de suspendre et de reconfigurer son mandat de ventes de véhicules zéro émission (VZE), estimant qu’il ne reflète ni l’état actuel du marché ni la capacité financière des ménages.
Selon l’organisme, les hausses de prix, la pression des taux d’intérêt, et les limites de l’approvisionnement continuent de freiner la transition vers l’électrification.
Un marché sous tension économique
Devant un comité parlementaire cette semaine, la CADA a rappelé que plus de 3400 concessionnaires franchisés ont investi massivement dans l’infrastructure et la formation nécessaires aux véhicules électriques.
Mais malgré ces efforts, les acheteurs peinent à suivre : les paiements mensuels moyens dépassent désormais 770 $ pour une location et 880 $ pour un prêt, alors que la majorité des Canadiens visent un budget de moins de 500 $.
Tim Reuss, président de la CADA, prévient que les nouvelles surtaxes américaines sur les véhicules importés risquent d’alourdir encore la facture et de réduire davantage l’accessibilité aux VÉ.
Un pays à deux vitesses en matière d’électrification
La CADA note aussi un fossé croissant entre les régions urbaines et rurales.
Les grands centres disposent d’un réseau de recharge plus développé, ce qui favorise l’adoption du VÉ. Ailleurs au pays, particulièrement en région éloignée, la rareté des bornes retarde la transition et prolonge la dépendance aux motorisations thermiques.
Charles Bernard, économiste en chef de la CADA, soutient que les objectifs fédéraux « n’intègrent pas les disparités régionales ni l’essoufflement financier des ménages. »
Crainte d’un recul de la compétitivité
Les concessionnaires s’inquiètent aussi que le mandat, tel qu’il est conçu, limite la compétitivité du commerce automobile canadien. Sans une meilleure cohérence entre infrastructures, prix et objectifs, la CADA estime que le secteur risque de se retrouver désavantagé par rapport au marché américain.
Les recommandations de la CADA
Pour remettre le plan sur les rails, l’association propose plusieurs mesures :
- • Mettre le mandat sur pause jusqu’à la fin des négociations nord-américaines liées à l’ACEUM, qui pourraient influencer les chaînes d’approvisionnement des VÉ ;
- • Exclure les VÉ et hybrides du luxe tax fédéral, afin de réduire les coûts d’achat ;
- • Empêcher les entreprises sans production ou réseau de concessionnaires au Canada de tirer profit de la vente de crédits VZE excédentaires ;
- • Harmoniser les politiques fédérales avec les approches du Québec et de la Colombie-Britannique pour éviter un patchwork réglementaire.
Une transition appuyée, mais à revoir
La CADA affirme demeurer favorable à l’électrification du transport routier, mais insiste sur la nécessité d’une stratégie réaliste, mieux adaptée aux conditions économiques actuelles et à ce que les consommateurs peuvent véritablement se permettre.
L’organisme compte poursuivre ses échanges avec Ottawa pour créer un cadre plus cohérent et plus flexible.
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