L’ancien gérant des Expos Felipe Alou était de passage à Montréal cette fin de semaine pour assister à l’annuel Expos Fest, organisé par Perry Giannis.
Cet homme qui a pris en charge l’équipe des anciens des Expos dans le but de conserver le contact entre eux, mais aussi pour récolter des fonds pour l’hôpital pour enfants.
Il a d’ailleurs confirmé cette semaine que l’objectif original de son groupe a été atteint, c’est-à-dire de remettre 1 000 000$ à l’organisme.
Plusieurs anciens, comme à l’habitude, ont fait le voyage pour la bonne cause. On parle ici de Vladimir Guerrero, Moises Alou, Darren Fletcher, Denis Boucher et Claude Raymond.
On y retrouvait aussi Bill Stoneman et Stephen Bronfman.
Mais le passage de Felipe Alou, 88 ans, nous amène à réfléchir sur sa place dans l’histoire du baseball.
Lorsqu’on parle des Expos, il est impossible de ne pas parler du savant gérant de Nos Amours. Il a grandi en tant qu’instructeur dans l’organisation des Expos, avant de finalement devenir le gérant de l’équipe en 1992.
Alou est devenu en 1958 le premier joueur né en République dominicaine à évoluer dans le baseball majeur. Même si Jackie Robinson avait fracassé la barrière des couleurs dans la MLB 11 ans avant, les joueurs comme Alou ont quand même dû subir les effets néfastes de la ségrégation.
Il raconte plusieurs histoires de ces difficiles années dans son livre «My baseball journey». Non, Felipe ne l’a pas eu facile. Il a été un de ceux qui se sont battus pour les droits des noirs et des joueurs latins.
Après avoir percé dans le baseball majeur, il a ouvert la porte à ses deux frères Matty et Jesus. Il a formé le premier trio fraternel de voltigeurs du baseball majeur avec les Giant de San Francisco.
Lors de sa carrière de joueur, il a conservé des statistiques plus que respectables. Il a cogné 2101 coups sûrs, 206 circuits, marqué 985 points et en produisant 852, tout en maintenant une moyenne au bâton de 286.
Ce n'est peut-être pas des statistiques dignes du Temple de la renommée, mais c’est l’ensemble de l’œuvre qu’il faut regarder.
Un gérant des plus rusés
Après avoir pavé la voie pour les joueurs dominicains en tant que joueur, Felipe continue de faire tomber les barrières en tant que gérant.
Il devient en 1992, le premier gérant dominicain de l’histoire de la MLB. Plusieurs s’entendent pour dire qu’Alou aurait mérité la promotion bien avant 1992 étant donné son intelligence au jeu. Mais Alou a été patient, voyant d’autres moins
compétent passer devant lui, comme Tom Runnels en 1991.
Même lorsqu’il a été nommé, c’était à titre de gérant intérimaire. Une étiquette qui n’a jamais officiellement été retirée publiquement, avant sa prolongation de contrat.
Felipe avait toujours une manche d’avance sur ses homologues. Malgré des budgets serrés chez les Expos, il arrivait souvent à soutirer le maximum de ses joueurs, et faire des Expos une équipe compétitive. On disait de lui qu’il était un sorcier sur le banc, il anticipait souvent les stratégies adverses, tout en sortant toujours un nouveau lapin de son chapeau.
Les joueurs, surtout les Latins, le respectaient énormément. Il a fait l’éducation du baseball à Montréal. Plusieurs journalistes racontent encore aujourd’hui à quel point leurs connaissances du jeu se sont améliorées lors des années où il gérait le club.
Il a remporté la Série mondiale en tant que conseiller spécial chez les Giants de San Francisco en 2014.
Ça fait 65 ans que Felipe Alou gravite dans le monde du baseball. Et il continue d’évoluer en tant que conseiller spécial aux opérations baseball chez les Giants à ce jour.
Il n’y a personne qui ne respecte pas Felip Alou dans le monde du baseball. Un homme qui était destiné à devenir médecin en République dominicaine a finalement décidé d’utiliser son talent et son intelligence pour écrire une partie de l’histoire du baseball, et surtout paver la route pour les suivants.
Pour l’ensemble de l’œuvre, Felip mérite sa place parmi les grands.
En espérant que le comité des vétérans du Temple de la renommée du baseball sache le reconnaître un jour et que ça arrive avant qu’il ne soit trop tard.